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après, car il faudrait s’occuper du travail du lin. Le lin pendant toute la canicule avait été étendu sur la prairie pour pourrir. Maintenant on le sèche. Alors toutes les femmes du voisinage seront appelées et commenceront à broyer le lin. Elles battront avec des battoirs pour faire sortir les longs fils fins et blancs des tiges sèches. Pendant ce travail, elles ont leurs cheveux, leurs vêtements gris de poussière, mais elles sont gaies ! Les battoirs et les langues marchent à la fois. Quand on s’approche de la grande buanderie, c’est comme si un orage bruyant s’était établi là.

« Après, c’est la fabrication du knäckebröd[1], puis le changement des servantes, le 24 octobre. Au mois de novembre, les journées laborieuses de l’abatage des bestiaux, la salaison de la viande, la fabrique des saucissons, le pain qu’on fait avec le sang de cochon et de la farine de seigle[2], puis la fabrication de la chandelle[3].

  1. Pains durs et croquants, en forme de couronne, qu’on enfile à de longs bâtons et qui se conservent plusieurs mois.
  2. Paltbröd, pain de boudin. On le fait cuire dans l’eau bouillante et on le mange en sauce avec du jambon frit.
  3. La description de ce manoir où l’on fabrique sur place tout ce qui est nécessaire à la vie date d’une trentaine d’années. Aujourd’hui on ne fabrique guère à domicile les étoffes ni les souliers ; mais dans bien des châteaux isolés, à quelques détails près, la vie est restée sensiblement la même.