Page:Cremieux - .Femmes ecrivains d aujourdhui.djvu/80

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« Et souriante, elle secouait sa tête blanche et tremblante.

« — Ah ! chère maman, tu es comme une enfant, tu ne sais pas du tout comment va le monde.

« — Nous devons tous être des enfants au regard du Seigneur.

« Une douce paix se répandit en elle. Cette paix lui était venue tard dans la vieillesse. Avant, elle était, comme Amélie, âpre, mécontente ; elle se plaignait de la vie dure et sans joie qu’elle menait avec ses enfants. Elle n’avait pas été une âme facilement soumise, au contraire inquiète, active, pleine d’espérances inassouvies, non éteintes. Mais elle avait passé quatre-vingts ans, et la vie commençait à lui apparaître comme un paysage au crépuscule, quand les détails s’évanouissent et que seules les grandes lignes apparaissent encore. Elle touchait au bienheureux sommeil de la vieillesse et les ennuis glissaient facilement sur son âme. Que Gustave obtînt le pastorat, c’était vraiment la seule chose qui lui tînt au cœur, la seule à laquelle elle pensait pendant que, douce et tranquille, elle restait de longues journées assise dans son fauteuil à tricoter près de la fenêtre. »

Et les trois vieilles filles sont dessinées avec une tendre ironie. Jetta, encore jolie à quarante-