Aller au contenu

Page:Cremieux - .Femmes ecrivains d aujourdhui.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Bianca. — C’est faux ! Nous avons grandi ensemble. Svéa était toujours meilleure que moi. Si mon père l’avait adoptée et m’avait abandonnée, c’est moi qui serais ce qu’elle est ! »

Bianca insiste pour que Wulf reprenne les ouvriers chassés, augmente les salaires : elle n’obtient que d’insignifiantes concessions. Elle exige de ses parents adoptifs qu’ils recueillent Svéa et la traitent comme elle-même : on crie à la folie ! Alors, l’injustice fondamentale lui étant révélée, Bianca, malgré les larmes de sa mère adoptive, s’écrie :

« Je ne rentrerai pas dans votre maison ! Il faut que je retourne avec ceux à qui j’appartiens. Je ne pourrais plus vivre dans vos salons. Je sens que je suis du sang des autres ! leurs souffrances, leur vie terrible, tout cela excite en moi une ardente révolte contre vous. Je suis avec Frithiof, je suis avec Svéa, je suis avec eux tous, contre vous tous !… »

Il y a vraiment dans ce drame une belle ardeur combative et généreuse, et on comprend les applaudissements populaires qui couvrirent les murmures des loges élégantes, quand la pièce vit le feu de la rampe, à Stockholm, pour la première fois.