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LA PHILOSOPHIE

continuent parfois à se reproduire sans retour à l’espèce. Finalement il semble bien difficile aujourd’hui de ne pas reconnaître avec Darwin une certaine mutabilité des espèces. De grands groupes d’entre elles semblent très réellement parents et descendent assurément d’ancêtres communs. Qu’on examine, par exemple, au Muséum les vitrines consacrées aux différentes formes de rats ou aux différentes sortes d’oiseaux-mouches, et l’on en sera aisément convaincu.

L’autre est relatif à la manière de concevoir les parentés des espèces. Après avoir cru que chaque espèce était absolument indépendante de toutes les autres, il était naturel qu’on tombât dans l’excès contraire. Certains évolutionnistes se sont donc imaginé que toutes les formes végétales et animales étaient apparentées entre elles. Ils ont cru qu’on pourrait établir un jour un arbre généalogique de la Vie dont le tronc serait unique et dont toutes les espèces végétales et animales ne seraient que des branches et des rameaux. Ils fondaient leur opinion sur la ressemblance que présentent les éléments cellulaires dont tous les tissus vivants sont faits. À vrai dire, les groupes d’espèces qu’on peut considérer comme issues d’ancêtres communs se sont beaucoup élargis depuis Darwin. Mais