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LA PHILOSOPHIE

naturalistes ont pensé que les explications darwiniennes avec leur recours au hasard ne valaient pas les explications lamarckiennes. Et si quelques-uns ont pris, à ce sujet, des attitudes trop absolues, il faut bien avouer qu’ils n’ont pas toujours tort. Par exemple, s’il s’agit d’expliquer le développement des pattes de derrière chez les animaux sauteurs, on comprend mieux ce qui s’est produit en rappelant que la fonction développe et crée les organes qu’en admettant un simple jeu de la variabilité et de la concurrence vitale. Il en est exactement de même si l’on veut comprendre la forme des poissons : ne vient-elle pas, pour une part de la résistance de l’eau, et pour une autre de leur mode de natation ? Et croit-on pouvoir, sans le lamarckisme expliquer la persistance dans les espèces de ces organes atrophiés dont nous parlions quelques lignes plus haut ? Le Dantec pourrait bien sur ce point avoir raison. Les Darwiniens ont tort quand ils rejettent la totalité du lamarckisme. Les Lamarckiens ont tort quand ils repoussent la totalité du darwinisme. C’est seulement en empruntant quelque chose aux deux doctrines qu’on a des chances de voir un peu plus clair dans le mécanisme qui préside à l’évolution de la Vie.