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peut douter que la sélection continue de légères variations portant soit sur les feuilles, soit sur les fleurs, soit sur les fruits, ne produise des races différentes les unes des autres, plus particulièrement en l’un de ces organes.

On pourrait objecter que le principe de la sélection n’a été réduit en pratique que depuis trois quarts de siècle. Sans doute, on s’en est récemment beaucoup plus occupé, et on a publié de nombreux ouvrages à ce sujet ; aussi les résultats ont-ils été, comme on devait s’y attendre, rapides et importants ; mais il n’est pas vrai de dire que ce principe soit une découverte moderne. Je pourrais citer plusieurs ouvrages d’une haute antiquité prouvant que l’on reconnaissait, dès alors, l’importance de ce principe. Nous avons la preuve que, même pendant les périodes barbares qu’a traversées l’Angleterre, on importait souvent des animaux de choix, et des lois en défendaient l’exportation ; on ordonnait la destruction des chevaux qui n’atteignaient pas certaine taille ; ce que l’on peut comparer au travail que font les horticulteurs lorsqu’ils éliminent, parmi les produits de leurs semis, toutes les plantes qui tendent à dévier du type régulier. Une ancienne encyclopédie chinoise formule nettement les principes de la sélection : certains auteurs romains classiques indiquent quelques règles précises ; il résulte de certains passages de la Genèse que, dans cette antique période, on prêtait déjà quelque attention à la couleur des animaux domestiques. Encore aujourd’hui, les sauvages croisent quelquefois leurs chiens avec des espèces canines sauvages pour en améliorer la race ; Pline atteste qu’on faisait de même autrefois. Les sauvages de