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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/112

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Et soudain, une épouse qui n’a jamais embrassé d’autres hommes que son psychiâtre découvre que, décidément, les positivistes savent bien mal y faire. Dans sa bouche, sur la langue est une autre langue qu’elle suce comme les sucres d’orge de l’enfance : Un amant, j’ai un amant, pense-t-elle… Indifférente à tout, au scandale même, elle ne songera point à bouger lorsque la porte s’ouvrira. Petitdemange qui se rappelle, mais un peu tard, les inconvénients du flagrant délit, aura du mal à l’écarter, et, pour ne point perdre un souvenir de salive étrangère derrière ses mâchoires, elle demeurera cinq minutes au moins sans parler, en présence de sa fille blême et aussi muette qu’elle.

Enfin ressaisie, elle constate :

« Le destin. Nous avions tort de lutter. Mon enfant, ton bonheur n’était point là. C’est moi, tu te rappelles, qui ai reçu la visite du poisson présage… Nul ne peut aller contre le sort… ».

Au dîner, ni Petitdemange ni Amie ne paraissent.

On dit à l’enfant qu’ils sont partis pour un voyage.