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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/143

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pleurs semblables à ceux que tirait d’Iphigénie le désespoir de mourir sans avoir jamais connu l’amour. Les mortes-vierges, dit-on, ne pourrissent point. Chasteté embaumeuse, les trains, la nuit, sont des mosaïques de sommeil solitaire. De tous les voyageurs pas un qui n’ait fermé son cœur à clé. Leurs corps brinquebalent les uns contre les autres, mais ne s’effleurent pas une seconde pour la plus furtive volupté. S’ils allaient demeurer calés dans leurs coins pour l’éternité, avec, en guise d’auréole, trois lettres fatidiques : P.L.M… Pureté Longue Mort…

Revanche : Au bord du matin, en plein soleil, comme un fruit, éclate une ville.

Marseille, tout le monde descend.

On trouve les Mac-Louf débarqués de la veille, installés à l’hôtel. Le Révérend qui ne conserve pas un trop bon souvenir de ses ouailles équatoriales, aura-t-il plus de chance avec celles d’ici ? Ne soyons pas trop optimiste. Déjà, en signe de joyeux avènement, les journaux locaux annoncent la découverte chez le plus fameux médecin du cadavre d’un garçon de recette disparu depuis des mois, qu’on s’attendait à retrouver vivant et déshonoré dans quelque bouge, et qui s’était contenté de charogner bien sagement chez un soigneur réputé