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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/164

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— Hé, hé, une négresse, celle-là surtout peut passer pour un fin morceau. En tout cas une négresse ne se perd point comme une épingle. Je veux bien qu’il y ait ici des créatures de toutes les peaux. N’empêche que notre sauvageonne, dont plusieurs feuilles ont publié le portrait, ne semblait guère risquer de passer inaperçue. Dire que je l’avais choisie entre toutes. Des âmes dont je prenais soin, elle m’avait paru la plus fiable. J’étais content d’elle, et son existence, si elle se fût poursuivie décente et digne dans une société civilisée, eût prouvé l’action bienfaisante de notre chère ligue. Pourvu qu’on ne la repêche point dans quelque mauvais lieu. Vous vous rappelez le poète qui évoque : Une négresse par le démon secouée. Certain de mes collègues, qui d’une mission avait ramené un Sénégalais, dont il était fier, n’a-t-il point surpris le grand gars noir en train de se livrer à des actes coupables sur la personne du concierge du temple où, chaque dimanche, il donnait son prêche. S’il y a fugue et si mes ennemis parviennent à l’établir, je ne coupe point à la disgrâce et me voilà envoyé au fin fond de la Patagonie.

— Je vous y suivrai, Révérend.

— Vous m’y suivrez, chère épouse. Votre tendre