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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/175

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inconnus, les habitants si minuscules et défectueux de proportions que, lui-même, d’après ceux qui l’y envoyaient, aura au moins, dans ce pays, le surprenant bonheur de se croire Hercule ou le dieu Mars.

En Patagonie, de tous les animaux, seuls les moutons, qui se contentent de peu, trouvent assez d’herbe, entre les pierres, pour leur subsistance. D’où flore et faune médiocrement variées. Pour les indigènes, dont les jambes ne sont que de huit à dix centimètres, leurs bras, qui, par contre, s’allongent jusqu’au sol, servent de béquilles à leur marche précaire. Ils vont sur l’eau dans des barques de cuir mal tanné et qui puent la charogne. La nuit, ils ramènent sur la rive ces navires grossiers, les retournent et dorment à leur abri. Ils ne vêtent point, mais huilent leur corps. De vivre en pleine solitude désertique, on dit qu’ils ont perdu le sens de l’ouïe. En tout cas, nul ne leur connaît de langage articulé, ce qui n’est point fait pour rendre aisée la mission des Mac-Louf. Afin de se donner du cœur au ventre, ces derniers se disent que la Patagonie aura au moins sur l’Afrique le grand avantage de n’être point assez luxuriante, ni même comestible pour qu’y soient à craindre les panthères, mais on leur répond que se chargent de