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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/18

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barbouillées avec la première boîte d’aquarelle. Et inutile d’affirmer qu’il y a une race blanche, une jaune, une noire, une rouge, mais nulle, couleur de ciel, que les maisons se bâtissent de pierres ou de briques et sont blanches ou roses, que l’herbe des prés pousse verte. Une enfant reconstruit le monde au gré de son caprice, préfère, à tous les autres, les animaux fabuleux, se moque des cygnes du Bois de Boulogne, rit au nez des ours du Jardin des Plantes, méprise les lions, les chameaux, les éléphants et ne daigne regarder d’un œil moins sévère les rhinocéros que grâce à la corne plantée là où l’on n’aurait aucune raison de s’attendre à l’y trouver. Et que de questions à propos du gnou, dont la vieille cuisinière la menaçait, à la tombée du jour, l’automne dernier à la campagne.

Pour l’heure, la bête apocalyptique, c’est la mort, et à nouveau, les yeux grands à engloutir l’univers :

— Qu’est-ce que la mort, qu’est-ce qu’une putain ?

— La leçon est finie, ma chérie.

— Mais tu ne m’as pas répondu.

— Va t’amuser. Dis à ta bonne qu’elle te donne ton goûter.

L’enfant voit qu’il est inutile d’insister. Elle ira