Aller au contenu

Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

maquillées au sang de bœuf, à la suie, au Ripolin. Dès l’aube, elles ont cherché des boutiques fraîches repeintes où voler le plus possible d’arc-en-ciel pour des visages respectés jusque dans la plus effroyable misère.

Or, l’illusion, ce besoin qui décide des centenaires juives-errantes de l’amour, à ramasser les broches de zinc, se faire des bagues du papier argenté des tablettes de chocolat, combiner des perruques de ficelle et d’amadou, de brinquebalants sautoirs, de vieux bouchons et piquer les fleurs pourries des poubelles à même leurs corsages en toile de sac à pommes de terre, ce rêve de grandeur sous la calembredaine du costume, la femme couronnée de paille naturelle, vêtue de toile bise, sait qu’elle vaut à des majestés sordides qui ne trouveraient pas de clients à deux sous, d’être, aux mieux huppées de leurs sœurs sédentaires, ce qu’apparaît la Reine de Sabbat en comparaison d’une présidente de la troisième République.

Incroyablement misérables, corsetées d’indifférence terrestre, justice enfin vous soit rendue et transparents deviennent vos haillons pour que brillent vos flancs plus lumineux que lucioles d’août, ces insectes dont le ventre est ballon de feu parmi les fouillis des feuillages, vous entendez,