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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/24

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au soleil d’avril, se repose sur la branche d’un fauteuil, tandis que l’autre, sèche de bagues, se rafraîchit à l’écume des perles tombées en cascade du soyeux sommet des seins. L’écume des perles reçues en lac par le fragile plateau que fait de l’un à l’autre genou une robe de femme assise. Dans un petit rectangle qui découpe le miracle de la jupe, la tête du jeune père qui s’est laissé ensorceler. En bas, trois lignes pour dire qu’il est le gendre du plus célèbre psychiâtre européen, expliquer l’aventure, donner quelques noms.

L’enfant sait qu’on l’attend et qu’elle ne peut demeurer des heures en contemplation. Une dernière seconde, elle regarde Cynthia de toutes ses forces, ferme les paupières pour ne point permettre à quelque nouvelle image de gâcher, par surimpression, dans la chambre noire du souvenir, la photographie de la merveilleuse photographie de Cynthia.

À tâtons, elle est revenue dans la salle à manger, où l’on est trop affairé autour du portrait, pour remarquer ses yeux clos. Mais, si elle ne peut voir la grand-mère étudier, derrière son face-à-main, cette pièce à conviction, aussi sérieusement que les bactériologistes de la famille, les microbes à travers leurs microscopes, du moins l’entendra-t-elle rendre son jugement :