Aller au contenu

Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire des galipettes. Tout de même, des esprits qui le valaient bien, n’ont jamais eu l’air de trop s’ennuyer dans notre compagnie. Et même, je ne sais plus quel interne de ton père, dans un toast, à la fin d’un banquet, vantait l’autre jour son esprit pince-sans-rire…

… Et tralalalalalalalala… se chantonne à elle-même l’enfant, qui ne rouvrira les yeux que lorsqu’elle sera sûre que la famille s’est levée, a quitté la salle. Alors parce que les fruits lui semblent tristes dans leur compotier sans couleur, elle rêve à la volupté de manger une glace entre Cynthia et son père, bien assise sur une banquette de peluche rouge, tandis qu’un orchestre, aux fleurs disposées sur la nappe, mêlerait les notes, les accords d’un bonheur dédaigneux de mots. Cher monsieur Couteau, chère mademoiselle Fourchette !

— Vous savez, papa, vous savez, Cynthia, si grand-mère dit des méchancetés contre vous, c’est qu’elle bisque. Au fond, elle voudrait bien avoir, elle aussi, des bracelets, des colliers, car elle sait bien qu’elle n’est pas jolie avec sa peau ridée, ses vilaines robes noires, sa vieille fourrure qui sent le chien mouillé et son chapeau bibi sur le haut de la tête. Quand elle bougonne après moi, je ne