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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/32

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jour, ne pèse Cynthia, ses perles, ses plumes, ses miracles. Mais tout le temps du dîner, hélas, il va falloir encore se résigner au langage bêtement, inutilement précis des hommes. Au-dessus des têtes, sortie de la soupière comme Vénus de l’Océan, et aussi digne fille d’un potage banal que la plus belle des déesses, de l’insaisissable écume des mers, la suspension jette ses ombres de danseuse ridicule, et, des jupes de cette ballerine, tombe, en guise de lumière, une méchanceté verte.

Alors, parce que loin, très loin, par les plaines d’une nuit, où ne brille aucun feu domestique, où nul visage n’apporte le soir, autour du repas familial, le tribut de sa vieillesse, de sa fatigue, de ses rancœurs, parce que sans se heurter aux objets, aux créatures, le vent continue sa route, chante de vivre, vit de chanter, ne craint rien ni personne, une enfant qui ne veut se laisser accrocher par les petites histoires, les petites choses, les petites gens, ferme les yeux, et tandis qu’elle avale sans goûter, à chaque battement de son cœur, perçoit le murmure invincible :

With a hey and a ho and a hey nonino.