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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/37

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les fougères insoupçonnées allument le secret des profondeurs. À égale distance de la surface et du fond, un homme (frac impeccable), une femme (robe liquide, cape glauque), parallèlement font la planche. Épaves sans poids, et que la plus subtile vapeur soutiendrait, pas une créature terrestre dont le visage se soit jamais éclairé d’un sourire aussi calme, aussi pur que les vôtres. Mais vos mains, en dépit de l’immobilité, ont conservé cette souplesse que les créatures perdent avec le souffle de vie. Fantômes, flottez impassibles, parmi les vagues du souvenir. Sur la terre, c’est marée basse et, très loin, se sont retirées les eaux du temps. Ceux qui n’ont jamais arrêté de se mouvoir pour une existence banale, déjà ne savent plus quel prétexte se donner pour but. Midi d’été, l’heure a sonné du renoncement aux précisions que souligne la sottise des lumières habituelles. À l’ombre des paupières closes, qui des banalités agressives défendent les regards et où, cependant, impossible demeure la nuit, à même un velours concave et de silence, s’allume l’incendie triomphal.

Passé, poisson torpille, un gouffre est déchiré de bas en haut, et, de la plus inoffensive des écumes, soudain, jaillit une foudre que les profondeurs renvoient au ciel. Ainsi, au crépuscule, les alentours