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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/43

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d’une si délicate attention, la chouette lui éclata de rire au nez et désignant son ventre de plumes :

— Tu es gentille, parce que tu me crois ta sœur, or, je suis une chouette. Si donc je suis ta sœur, toi-même qui es-tu ?…

L’heure n’étant pas aux considérations personnelles, il fut décidé de la laisser parler, sans prêter l’oreille à ses discours, mais soudain voilà notre volaille qui hausse le ton, siffle des menaces. On la somme de dire clairement où elle veut en venir. Bien entendu, il suffit qu’on lui demande une explication pour que, tout à coup, elle se taise, et quoiqu’il n’y ait ni fenêtres, ni portes ouvertes, s’envole, disparaisse, le diable seul sait comme, au travers du mur. Mais, longtemps encore, après son départ, flotta le voile de veuve, agité en oriflamme de malheur.

Au réveil, pour se ragaillardir, trois cuillerées à bouche de l’eau de mélisse des Carmes déchaussés, puis, comme la pendule marque cinq heures, un petit cachet somnifère.

Mais l’angoisse de l’aube répétera le songe.

Court répit, la matinée sera banale : soins aux rosiers, petite station habituelle sur le belvédère. Après déjeuner, gorge contractée, mains inquiètes, jambes picotées d’impatience et mille autres