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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/51

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comme la boniche sous l’étreinte du ratisseur.

Après le bal, quand les Tuileries étaient redevenues vides, sans doute, la blonde Eugénie permettait-elle à son majestueux époux de jouer avec une chevelure, pour lui déroulée. Cette blondeur entre les doigts amoureux glissait comme un fleuve dont ne pouvait rien retenir la coupe des mains. Or, d’une toison sur laquelle le monde avait eu les yeux fixés, n’était demeurée qu’une tresse, si étroite, que, lors de l’héritage qui la mit en leur possession, la grand-mère et sa sœur furent incapables de la partager, et la mère de Cynthia dut se contenter d’une simple mèche du petit prince impérial.

Cynthia porte aujourd’hui à son index la frêle natte, comme d’autres une alliance. Alliance dont ne peut avoir nulle jalousie un amoureux, puisque les Zoulous ont tué le fils d’Eugénie. Les Zoulous sont des géants, couleur de cambouis, avec des anneaux dans le nez, et une petite houppe au sommet d’un crâne rasé. Ils assassinent les explorateurs à coups de flèches, puis s’assoient en rond autour d’un grand feu et chantent : « Zoulou, zoulou, zoulou », tandis que les prisonniers cuisent lentement. Les Zoulous sont des anthropophages, mais la grand-mère qui ne sait distinguer le sang de poulet du sang d’une cuisinière, qu’elle a, d’ail-