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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/67

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filtres qui faisaient si profondément insondables les yeux d’une Cynthia. Bonheur, apothéose. Alors elle sera vengée des jours, des semaines, des mois, des années d’attente. Les échos du monde entier prolongeront les tonnerres de ses inoubliables minutes. Jamais plus de ces dîners autour d’une table sans joie. Déjà ce soir, la simple fuite d’une bonne amoureuse allume des astres inespérés à même l’habituelle monotonie. Que la patience est difficile. Tout à l’heure, après le discours de la grand-mère, l’interrogatoire de la cuisinière et les constatations d’usage, quand les gendarmes sont partis, l’enfant s’est sentie presque jalouse de ces gros hommes moustachus, pour qui toute grande s’ouvrait la nuit. Maintenant, regard dédaigneux sur une tranche de veau froid, plus que jamais elle regrette qu’on ait, sous prétexte d’hygiène, banni de cette maison la moutarde. Petite revanche, le grand-père, heureux d’avoir trouvé de nouvelles raisons de flétrir Cynthia, n’attendra point les légumes pour donner les noms que la cuisinière avait sottement perdus :

— Du joli, du propre, tempête l’homme de science. Et quand je songe que ces scandaleuses pratiques avaient pour théâtre ma maison. J’apprends que Cynthia ne se contentait point d’être