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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/71

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vous, vous, chère amie, la compagne de mes travaux depuis un tiers de siècle, ne croyez-vous pas qu’il y ait quand même un peu de légèreté à changer aussi brusquement du tout au tout. Vous vous rappelez ma théorie des actes-champignons. Vous savez que je réserve ce nom à tout ce par quoi se manifeste une activité dont, logiquement, nous étions en droit d’attendre sinon le contraire, du moins quelque chose d’assez différent. Je m’explique : les actes-champignons sont tous les actes qui n’ont pas plus de causes raisonnables que les champignons de racines. Les uns et les autres risquent fort d’être vénéneux, encore que les imprudents aiment à s’en régaler. Par ailleurs, il est justice que la plante la plus spontanée, soit la moins bien accrochée au sol nourricier de toute végétation. Ainsi, les actes-champignons, dont les hurluberlus se plaisent à louer la prompte éclosion, les apparences éclatantes et, souvent, même, à tirer je ne sais quelle notion plus ou moins extravagante de liberté, les actes-champignons, vous dis-je, parce que rien de sage, de certain ne les attache, ne les fixe au temps et à l’espace, en dépit de l’empreinte, dont leur surprise marque l’esprit mouvant des hommes, nous savons ce que peut durer leur action. Qu’Alcibiade fasse couper la queue de son