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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/75

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plus en plus rouge fait une tache vertigineuse de folie sur le goudron en rubans, en filets qui empêche le paysage de s’envoler. Or, au matin, le vent dont croyaient vivre les plus altières créatures, a éparpillé leurs forces. Et elles tombent à terre, sur la terre dure, sur la terre froide, marionnettes d’un cirque lugubre. On les range dans une longue boîte montée sur deux roues, et un petit cheval d’ivoire, par saccades, les traîne aux travers d’un pays de désolation. Bientôt, c’est le seuil d’une forêt de pierres. Le sol y perd à jamais ce que les plantes en échange de l’invisible nourriture lui abandonnent de douceur végétale. Cailloux, silex, ferrailles, mais le sabot d’un cheval d’ivoire ne craint pas les avenues de cruautés, ni son front les flammes de ce soleil qui va s’écraser en lettres du plus inexorable vert pomme, sur le rose à grincer des dents de la boîte aux marionnettes : Poupées amoureuses, annoncent les planches de ce cercueil indivis.

Poupées amoureuses, afin de les mieux narguer, au carrefour le plus désolé, sont assises en rond, les méchancetés du monde entier que secoue un rire jumeau de celui de Petitdemange. Halte là cheval d’ivoire ! Il est l’heure d’ouvrir la boîte. Tu vois, un vrai jeu d’enfant. De soi-même a