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Page:Crevel - Babylone, 1927.djvu/86

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Et d’égrener un chapelet de comparaisons, toutes du plus pur lyrisme, tandis que, docile, la jeune femme se vêt. La toilette achevée, on descend au salon. Quel dommage que ces meubles d’acajou refusent de se prêter au romantisme d’un certain et vivant désordre : On les ferait virer dans tous les sens, et pendant des heures, qu’on arriverait tout juste à laisser croire que la maison n’a pas été rangée depuis six mois. « La prochaine fois, décrète la grand’mère, nous le prierons à dîner. Je ferai descendre du grenier la harpe de tante Sophie . Tu t’envelopperas dans ta longue écharpe verte. Quelques roses effeuillées, un vase de cristal, une partition ouverte sur le piano, un chapeau de paille d’Italie, comme par hasard sur ce canapé ! ça nous aura un de ces petits airs Malmaison. Tu te rappelles le musée Grévin, une réception de Joséphine aux beaux temps de Rueil…

Les beaux temps de Rueil. Joséphine, la créole, fidèle aux voiles légers qui font de chaque femme un petit nuage de lumière dans les soirs transparents de la Martinique. L’enfant n’a pas oublié ce jeudi, où on l’a menée dans la maison des poupées de cire, grandeur nature. L’impératrice aux mèches brunes, à la flottante robe grecque, valait bien l’autre, celle de la crinoline et des boucles blondes.