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Page:Crevel - Babylone (extraits), 1975.djvu/12

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voilà hantées du secret d’une création si simple mais si impérieuse qu’elles cherchent à caresser ce rêve, ce cheval qui galope sur les nuages.

Max Ernst, sous le titre : « Histoire naturelle », nous a présenté les terribles merveilles d’un univers dont notre semelle ne peut essayer d’écraser les secrets, plus grands que nous.

Que les bûcherons, comme par le passé, coupent les arbres, les étoiles, dans les troncs des chênes, dont les ébénistes avaient coutume de faire le centre des guéridons, réintègrent l’éther et des petites tables tournent, astres autour de notre globe. Les araignées lasses de manger des mouches se repaissent de nos montagnes habituelles, et nous connaissons le règne des choses disproportionnées. La terre frémit et la mer invente des chansons nouvelles.

Toute flore, toute faune se métamorphosent. Le rideau du sommeil tombé sur l’ennui du vieux monde, se relève pour des surprises d’astres et de sable. Et nous regardons, vengés enfin des minutes lentes, des cœurs tièdes et des cerveaux raisonnables.

Univers imprévu, quels océans ont pu, jusqu’à ces bords, mener le peintre, navigateur du silence ? À cette question, Max Ernst répond par le nom trouvé pour l’un des plus surprenants de ses tableaux : « La Révolution,… La Nuit. »

La Révolution,… La Nuit.

Nous savons que l’esprit attentif aux contours, docile aux objets, soumis à leurs apparences, comme on lui a si longtemps conseillé d’être, n’aurait point de vie propre, et même, à vrai dire, n’existerait pas. André Breton ne nous rapporte-t-il pas, et non sans raison, dans le « Manifeste du Surréalisme », que le poète Saint-Pol Roux avait écrit sur la porte de sa chambre à dormir, de sa chambre à rêver : « Le poète travaille » ?

Miracle de Transsubstantiation qui fait chair et esprit la toile que le peintre a couverte de son dessin, de ses couleurs. Les cadres des tableaux de Max