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Page:Crevel - Babylone (extraits), 1975.djvu/24

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HISTOIRE NATURELLE

par Max Ernst (Éditions J. Bucher)

Fontaines pétrifiantes, livres de leçons de choses, pour protéger les rêves de l’enfance, en plein ciel, s’ouvre l’éventail des fougères, demain bouquet minéral s’il tombe dans certaine source, à Montferrand. Jusqu’à la consommation des siècles, un petit rameau de rien du tout demeurera imprimé à même les cœurs des pierres, qui, malgré tant de lieux communs sur leur soi-disant dureté, n’ont point refusé en d’autres ères de se laisser marquer d’une quasi-transparence végétale. Muets et sans geste devant le mystère des trois règnes, pour se donner, tout de même, l’illusion d’agir sur les éléments, des hommes mesurent les apparences. Longue théorie des arpenteurs, géomètres, géographes, et vous tous qui croyez la terre, l’air, l’éther destinés à être coupés en tranches comme ce melon dont Bernardin de Saint-Pierre pensait que l’extérieur était ainsi côtelé, pour qu’il fût mangé en famille, les petites combinaisons logiques, les sondes, les jalons, votre naïf anthropocentrisme seraient autant de choses touchantes si des idoles telles que le système métrique n’avaient depuis longtemps décidé les uns et les autres à des jugements, à une confiance inadmissibles.

Mais que le Mont-Blanc, grâce au prestige de ses 4 810 mètres, continue à dominer l’Europe, n’empêche