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Page:Crevel - Babylone (extraits), 1975.djvu/26

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solaire. Or, tandis que les oiseaux s’allument en plein ciel, la terre tremble, la mer invente ses chansons nouvelles, le cheval du rêve galope sur les nuages, la flore et la faune se métamorphosent. Et nous regardons, vengés enfin des minutes lentes, des cœurs tièdes, des mains raisonnables. Tel miracle, mais dans une ville où tout s’était pétrifié sous une lave glauque, déjà nous avait été offert par Chirico. Univers imprévu, quels océans jusqu’à vos bords ont mené ces navigateurs du silence ? J’entends encore ce cri de Paul Éluard : Visage perceur de murailles. Max Ernst a pu voir et nous faire voir ce qui se passait dans l’écurie du sphinx. Et il ne s’agit plus de quelque vieux mythe. Histoire naturelle, vous dis-je. Ailes de paupières, nos yeux volent, et le vent en l’honneur duquel Max Ernst bâtit ses forêts, pour quelle résurrection emporte-t-il nos mains, ces fleurs sans joie ?

La Nouvelle Revue Française, n° 169, octobre 1926.