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Page:Crevel - Détours, 1924.djvu/48

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rappelle ma présence et me jette quelques bonnes grossièretés. J’ai, paraît-il, déchiré en lanières le cuir d’un étui à cigarettes.

Riposte : « Comment, vous caressiez Myriam et m’en voulez de mes attitudes parce qu’elles furent aux dépens d’un morceau d’antilope ?

— Allez vous coucher ; j’en ai assez de vos histoires à propos de rien — et puis votre vieux bonhomme de père général.

— Léila, je ne permettrai pas qu’on injurie.

— Partez, fantoche. »

Elle ne le dit pas deux fois. D’un bond je me lève ; je suis dehors.

Fraîcheur.

La rue luit des reflets du gaz ; elle se tend sans la fatigue d’aucune vertèbre ; ôter ses chaussures et marcher sur cette peau de serpent froid.

Paix retrouvée, pourquoi se trouble-t-elle encore de ces complications insoupçonnées ? Des colonnes, des colonnes ; de fonte, vertes, massives, serrées, elles soutiennent la route que suit aux heures du jour un monstre de ferraille, le monstre qui descend au loin dans la terre qui s’élève.

La nuit fait vagues, décroissantes ces colonnes. Les dernières confondent leur ombre avec le sol ; elles ne souffrent plus des chocs, mais se figent en piliers ; des entités de portail, comme autrefois les démons pour la terreur des saints moines et dévots, se cachent et réapparaissent.

Luxure, une femme au corsage rouge.

Avarice, la mendiante aux cheveux verts.

Intempérance, l’ivrogne qu’on va poignarder tout à