Aller au contenu

Page:Crevel - Détours, 1924.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Je la taquinai : « Cyrilla femme de Cyrille ; mais, chère amie, Marie Leczinska ne fut jamais l’épouse de Marius ou Mariusceslas Leczinski.

— Question d’histoire.

— Leczinska n’a jamais été femme de Leczinski, pourquoi Cyrilla demeurerait-elle femme de Cyrille ? »

Nous pouvions longtemps jouer ce petit jeu. Il ne plaisait guère à Cyrilla ; mais je devais bien constater : « Leczinska eut la sottise d’épouser un gamin de deux lustres plus jeune sous prétexte que sa pourriture était d’un roi. Louis XV une dizaine de fois est monté dans le lit où pour un labeur de maternité l’attendait cette fille d’un souverain sans trône. Sous la courtepointe ce fut un travail en conscience ; à chaque coin des bouquets de plumes montaient la garde. Marie Leczinska, reine de France, devenait l’épouse de Louis XV le Bien-Aimé. La plus sage des reines n’attendit point l’amour qui la pouvait faire heureuse.

— Mais moi je suis Cyrilla femme de Cyrille.

— Leczinska vous eût enviée, elle qui ne fut point femme de Leczinski ; mon enfance fit sienne la tristesse de cette Polonaise dans la royauté, les bals et les rubans de l’exil. »

Cyrilla compatit.

« Pauvre reine, mais de Versailles, ne croyez-vous point, elle imaginait encore les traîneaux à fourrure d’argent, la neige de certaines nuits et un margrave blond dans le silence. »

Elle se tut quelques secondes, puis :

« On pourrait aussi songer à ce fils de France qui connut (ce n’est pas un jeu de mots) le supplice inverse ; grelotta dans la soie des chausses, meurtrit ses doigts à des