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MYSTICISME, PRIÈRE ET RÉALISME CATHOLIQUE


Claudel traite Rimbaud de mystique à l’état sauvage.

Ainsi naît une jurisprudence qui oublie (ou fait semblent d’oublier) qu’il n’est pire conformisme que la religion, pour expliquer justement par la religion tout ce qui n’est pas conformiste.

Grosso modo le jeu des analogies et syllogismes pourrait se résumer de la sorte :

Non conformisme = Religion (prétend la critique)

Religion = Conformisme (axiome)

Donc,

Non conformisme = Conformisme (conclusion).

Ce crime de lèse-principe d’identité, au lieu d’être, comme se devrait, puni de peine capitale dans une ère idolâtre de relativisme et de logique, n’en passe pas moins pour le fin du fin. C’est que Rimbaud métamorphosé en mystique, donc en chrétien, donc en catholique, donc en bon petit frère Arthur de tout repos, la sœur Isabelle et son paterne Berrichon de mari dorment sur leurs deux oreilles.

Et cependant l’amas des bondieuseries n’étouffe point complètement la flamme digne, capable de réchauffer notre grelottante espèce. En toute sincérité, à quels niais, quels sophistes font encore illusion les soi-disant tendresses fraternelles, les ruses de poète-diplomate qui veulent convaincre d’orthodoxie un iconoclaste,