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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/39

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sociale de demain. » Et certes, en dépit des cadres de brutalité qu’on pourrait leur combiner, les usages littéraires ne seront jamais que des simagrées. Que pèsera la phrase la mieux habillée en comparaison d’une pensée nue, d’une sténographie géniale telle que celle de la Saison en enfer ? Libérées de leurs robes à traînes, de leurs manteaux prétentieux, les images, les idées de nos plus réputés stylistes apparaissent plus pauvres que Job. Secret de couturière, art d’arranger les restes. Mais qui donc osera se vanter d’avoir saisi les procédés d’un Baudelaire, d’un Lautréamont, d’un Rimbaud ? Durs, nus, révolutionnaires, ils ont fait craquer les cadres, envoyé au diable les murs, les poivrières des faux remparts ; même leur mémoire échappe à l’emprise de tel ou tel parti et il n’y a qu’un éclat de rire pour accueillir le titre choisi par un écrivain bien-pensant pour une étude sur l’auteur des Fleurs du mal qu’il baptise, sérieux comme Artaban, Notre Baudelaire. En opposition aux salamalecs de tous nos officiels déguisés