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Page:Crevel - L’esprit contre la raison, 1927.djvu/42

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ne pouvait se défendre d’en avoir été surpris : « Miró est un peintre béni. » Ainsi semblablement furent bénis tous ceux qui osèrent briser les frontières des pourritures avantageuses. Mais que penser du sot et mauvais romantisme de qui range Rimbaud, poète béni par excellence, dans les rangs des poètes maudits ? À la vérité, la couardise de certains juges, seule, put les décider à parler ainsi d’une bouleversante liberté, de ses miracles.

Pour l’esprit, ce n’est point une malédiction, mais une bénédiction (et un peu plus il faudrait parler de grâce), que de ne pas se trouver en accord avec le monde extérieur, car si rien ne le choquait des apparences ou des lois que les hommes se sont données à eux-mêmes, l’esprit, avec ces apparences, ces lois, se confondant, n’aurait point de vie propre. Toute poésie, toute vie intellectuelle, morale, est une révolution, car toujours il s’agit pour l’être de briser les chaînes qui le rivent au rocher conventionnel. Il ne convient pas de parler de mage. Lautréamont n’a-t-il pas dit : « La poésie peut être faite par tous, non