Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/10

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nisme, de son angle christiano-philanthropique, l’humanité[1] synonyme sécularisé de la dernière des trois vertus théologales, la charité (laquelle, d’ailleurs, mériterait bien de passer avant la foi et l’espérance, eu égard au nombre de services qu’elle n’a cessé de rendre au capitalisme catholique, apostolique et romain), voilà tout ce qu’on nous offre, bien que nul n’ignore quels intérêts s’abritent à l’ombre de ces frondaisons-prétextes.

Et déjà, à cause de tous ces mots, qui sont à la fois des programmes électoraux, des étalons de valeurs morales, des monnaies d’échange, il nous faut noter que, dans l’histoire de l’homme, de l’humain, dirons-nous (assez beaux joueurs pour accorder cette ultime concession, la dernière cigarette à ces Messieurs de la démagogie en soutane ou complet veston parlementaire) l’histoire du langage fait figure non d’un chapitre à d’autres

  1. Il a fallu la ruse prodigieuse et obstinée des moralistes et politiciens pour que le mot désignant l’ensemble des hommes en vienne à signifier non plus cette universalité concrète et vivante, mais une abstraction qualitative dont la Tartuferie couvre ses méfaits, et ne cesse d’arguer, pour contrarier, au profit du petit nombre favorisé, le devenir de l’humanité.