Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/121

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que pour un général, il ne saurait être question de se prétendre au-dessus de la mêlée. La pensée, mais où irait-elle se promener, si elle sortait de cette mêlée qu’elle a justement pour mission de démêler.

Mais voilà, les codes, ces chers petits hypocrites, déclarent qu’on ne saurait être à la fois juge et partie. Et puis, il y a aussi les sages dont la sagesse inventa ce dilemme : Il faut savoir de tout prendre son parti, et cependant n’être, en rien, de parti pris. On ne pouvait attendre mieux de l’extravagance analytique, de sa catalyse sournoise. Le juge, le général d’une part, le particulier, la partie, d’autre part, se regardent en chiens de faïence. Ils sont deux entités inconciliables, deux raisons ennemies, dont la plus dure, cette grande pétrifiée de Raison d’État aura le dernier mot.

Ainsi, dans un État bourgeois, ira de soi-même à la justice, aux besognes judiciaires, ce qu’il y a de plus crétinement, abusivement bourgeois, réactionnaire, borné, obtus, sans cœur, jeunesse patriote, camelot du roi.

Automatiquement, la classe privilégiée délègue, son droit, le droit de punir à qui saura le mieux défendre ses prérogatives. En guise de consolation, il n’y a plus qu’à se dire que ne serait pas moins écœurant ce sinistre dilettantisme de qui, instruisant un procès, demeurerait