Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/123

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devenir ? Ils ont prétendu enchaîner les quatre vents de l’esprit, et le mouvement qui, bientôt les aura emportés eux et leurs résidus, ils le nient, par suffisance d’abord. Et même vaincus, ils ne cesseront de le nier, par dépit, par rage de n’avoir su, avec lui, se mettre d’accord.

Les conservateurs entendent conserver par tous les moyens. Rien ne leur semble tragique, désespérant comme cette compréhension propre, animée du monde, qui valut à Héraclite de constater : On ne se baigne pas deux fois dans le même fleuve.

Mais il ne saurait être question de bains pour ces amateurs de mauvaises odeurs, d’odeurs personnelles.

Puisque l’eau coule, ils nieront l’eau. Puisque l’eau en coulant, a raviné la terre, ils nieront la terre. De négations en négations, vont ainsi les idéalistes, ces « philosophes qui, selon Diderot, n’ayant conscience que de leur existence et des sensations qui se succèdent en eux n’admettent pas autre chose. Système extravagant qui ne pouvait, ce me semble, dévoiler sa naissance qu’à des aveugles, système qui, à la honte de l’esprit humain et de la philosophie, est le plus difficile à combattre, quoique le plus absurde de tous ».

Or, ces êtres qui ont tiré sur leurs sens les