Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/133

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Quant au corps, ce qui, de lui, se lance ou se creuse pour recevoir ou atteindre d’autres êtres, qu’importe.

La chair n’est que le vase du principe éternel l’âme.

Les amoindrissements physiques et temporels paient l’assurance sur la vie à venir et à ne jamais finir. Marché conclu, l’Église béatifie gangrènes et pouilleries, plaies et ulcères. Elle tue pour exalter la mort, choie les nécrophiles qui (Barrès en est le prototype), de la déliquescence anarchisante au conformisme récompensé de funérailles nationales, font son jeu.

Et quelle gamme, de Poincaré, l’homme-qui-rit-dans-les-cimetières, à ce pauvre bougre abruti par plus d’un demi-siècle de servitude que j’ai entendu se lamenter : Tuer les vivants, passe encore, mais bombarder les tombes.

Or, le premier bond révolutionnaire ira droit à ces tombes qu’il s’agit de profaner, les unes pour jeter au fumier leurs cadavres-symboles, les autres pour rendre au jour ce qui agonisait, enterré vif.

Mais combien se réjouissent d’être cercueil à soi-même, de perpétuer dans la paralysie et le silence, « ce moment de délire, où selon Diderot, le clavecin sensible a pensé qu’il était