Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/141

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l’ombre d’une toison si légère que le moindre souffle se frayait route au travers de sa forêt pour révéler, à même la peau de vierge qui lui servait de sol, des broussailles de blondeur que la lumière du jour, faisait trop vite tourner au marron et celle du crépuscule au violet.

En tout et pour tout, elle était le contraire de Marius, méprisait les solides pièces de bœuf et les courses folles, mais il y avait, en compensation, un sacré mystère dans son allure de provinciale corsetée et vitrioleuse, abreuvée d’eau de mélisse et de cauchemar, nourrie de migraines et de croquignoles et surtout de la lecture spontanée, sans snobisme de Fantomas.

Elle était du temps des parapluies aiguilles et des bottines à boutons, mais aussi de celui des alchimistes. Elle eût pu servir de confidente à Thérèse Humbert et à Catherine de Médicis, leur donner des idées pour rien, pour le plaisir, par haine des pataudes et peureuses honnêtetés, que ses attaches ridiculement délicates, aussi bien à la cour des Valois que sous le septennat de Loubet, lui eussent certes, valu le droit de mépriser.

Elle n’avait pas besoin de sommeil.

Si la nuit l’abolissait, formes et couleurs, toutes les forces de l’obscurité ne pouvaient rien