Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/160

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mesure où ils concordent avec la nature et l’histoire. »

Désespérer, de façon catégorique ou passive, de cette concordance, c’est, à la vérité, faire preuve d’agnosticisme, c’est, pratiquement, condamner à la tour d’ivoire le poète. Mais voici que justement, de ses propres mains, il déchire le brouillard dont on voulait noyer son monde, pour qu’il crût que sa plate-forme était la seule île solide. Il ne veut plus de cet isolement. Ce refus lui est dicté par une nécessité, désormais à ne plus contrarier : la nécessité poétique dont la méconnaissance, l’ignorance fut un des attributs négatifs mais indéniables de la culture bourgeoise.

La bourgeoisie ne voulait, en effet, que des chants en son honneur, des gammes, arpèges, triolets où elle pût reconnaître l’écho de ses bruits intimes (depuis la plus grasse de ses satisfactions bémoles, jusqu’à la plus aiguë de ses inquiétudes dièses).

De position idéologique, la bourgeoisie ne sut jamais prendre, ni chercher d’autre que celle commandée par le plus grossier, le plus immédiat des besoins.

Aussi, Rodin a-t-il eu raison d’asseoir, en fait de penseur, devant le Panthéon des gloires nationales, un homme de bronze dont l’effort nous donne à penser que ça lui tombera des boyaux,