Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

rons-nous fait trois pas que, déjà, nous aurons donné contre un de ces vieux panneaux, de ces panneaux-réclames, à l’ombre desquels, sur des terres d’on ne peut plus vaine pâture, dignes de leurs frères curaillons, broutent les clercs du pape qui se croit papillon Benda.

Dans le chiendent de l’impartialité, ils cherchent, non pas même des têtes, mais des pointes d’épingle analytique, dont leur myopie moutonnière aime à s’éblouir.

Alors, un petit coup de saute-mouton par-dessus ces pédantes et basses échines. Il suffit de quelque élan et d’une tête pas trop molle pour crever ces écrans-protecteurs…

Le Français né malin, constate un de nos plus célèbres on-dit, inventa le vaudeville.

Le même Français se plaît à répéter urbi et orbi que la parole a été donnée à l’homme pour cacher sa pensée.

C’est que ce petit né malin, derrière un cynisme de façade, cache, comme un jour me le fit remarquer Gertrude Stein, son horreur de l’intimité[1]. Les bouts-rimés, les farces, autant

  1. La rage confessionnelle, déchaînée depuis Rousseau et qui, à sa suite, décida ceux qui avaient ou n’avaient pas jeté leurs bonnets par-dessus les moulins, à ouvrir l’écluse – d’ailleurs bien souvent posthume – de ces moulins à eau, naturellement, puisque les voies urinaires sont aussi celles de la volupté, cette rage confessionnelle, si elle témoignait du besoin, de la volonté d’en sortir, ne fit qu’aggraver l’équivoque, puisque, l’homme, alors même qu’il ne se laissait pas entraîner par la vanité à farcir de contestable, ses mémoires du fait qu’il dosait, situait et cédait toujours à la tentation d’expliquer son aveu, gâchait, qu’il l’édulcorât ou l’assombrît, cet aveu.