Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/44

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de leur enchaînement naturel ou historique, de les analyser individuellement, les uns après les autres, dans leurs qualités, dans leurs causes et effets particuliers ».

Or cette obligation de détacher, l’opportuno-individualisme a eu tôt fait de la diviniser.

Qui, de l’ensemble originel, détache, pour l’étude, un élément, ne tardera point à juger cet élément (et comme de l’ensemble, l’homme commence par s’extraire lui-même on voit à qui va sa première adoration) doué de vie en soi, et ainsi, lui accordera la priorité, sans doute même, pouvoir absolu sur l’ensemble dont il est extrait. Ce qu’on offre, en fait d’idées générales, n’est donc le plus souvent que la dictature d’un détail, au gré de tel bon vouloir, à tel moment donné. Il n’y a pas de technicien qui n’ait vu dans la pointe de son minuscule savoir, le cap, dans sa personne, le phare de l’Humanité. Chacun fera son humeur juge en dernière instance. Selon l’état du foie, ce sera donc le je-m’en-foutisme épanoui ou le fanatisme qui offre, d’ailleurs, l’alternance de ses contraires, à tous les Clovis que le premier évêque venu sait persuader de brûler ce qu’ils ont adoré, d’adorer ce qu’ils ont brûlé.

Mais personne, jamais, ne manquera d’avoir bonne opinion de soi. Le plus banal considérera