Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

métaphysique encore souveraine de par le monde capitaliste, où les puissants savent qu’il faut diviser pour régner. N’est-ce point d’ailleurs afin de se posséder que l’homme se divise en corps et esprit[1], puis, divise son esprit en des catégories dont chacune, à tour de rôle, prend, contre les autres, un pouvoir dictatorial, alors qu’elles ne peuvent effectivement, rien l’une sans l’autre. La raison a trahi l’esprit, et, l’a trahi jusqu’au jour où l’esprit, pour ne point sacrifier son tout à une de ses parties, se déclara, lui-même, contre la raison.

Dans le premier manifeste du surréalisme Breton, dès 1924, avait constaté : « Le rationalisme absolu qui reste de mode ne permet de considérer que les faits relevant étroitement

  1. Il se pourrait que fût, un jour, reconnue, à l’unanimité, comme n’ayant été qu’une hypothèse provisoire et contre-prouvée (et qui n’aurait eu de raison que le meilleur exercice, pour un temps donné, de certains moyens d’investigation) la distinction que des millénaires auront cru fondamentale, entre le monde matériel et le monde spirituel, ce qui ne voudrait pas dire que les idolâtres matiéristes aient chance alors de trouver, noyau de la chair, cette âme qu’un chirurgien se vantait de n’avoir pas rencontrée sous son scalpel ni que telle superstition risque de faire repousser le bras d’un Lourdeux manchot.