Page:Crevel - Le Clavecin de Diderot, 1932.djvu/98

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à l’intelligence et au cœur de l’homme qui les laisse rôder autour de son âge moyen, tout comme, à son moyen âge, elles assassinèrent, à jamais, le bonheur, les élans du monde chrétien.

L’histoire du paradis perdu…

Ainsi, s’exprime la nostalgie de ce possible que la peur a, peu à peu, métamorphosé en impossible.

Chacun relègue, dans le passé, la préhistoire, l’extase dont il ne peut se consoler de l’avoir manquée, ce prodigieux instant qu’il a vécu, mais sans avoir su le prolonger, se le rappeler pour en illuminer sa vie crasseuse, en faire son temps, le Temps.

Alors, le dépit d’inspirer aux idéalistes ce réalisme terre à terre, contrepoids aux extravagances des édens passés, des paradis futurs. Par peur d’être déçus, ils se refusent à tout espoir de connaissance, se rient de la poésie, de ses recherches et découvertes, dont certaines, déjà, ont permis à l’œil aigu de Dali de prévoir le jour où la culture de l’esprit s’identifiera à la culture du désir.

Avant qu’il en soit ainsi, sans doute, faudra-t-il, du sceptique léger au religieux obtus, imposer silence à tous ces agnosticismes, qui, d’une souriante soumission au fait ou d’un rauque impitoyable renoncement, espèrent