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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/156

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Allons donc ! Qu’attendre d’un pays perdu ?

— Mais ce pays perdu est un pays bien portant. Au reste, j’ai ouï dire que les animaux se prêtent volontiers à la curiosité amoureuse des hommes. Et sans doute, pour l’ordinaire, les uns et les autres y prennent-ils quelque agrément, puisque aucune religion n’a omis de le défendre. D’ailleurs, la montagne n’est point réservée aux seuls animaux et pourquoi n’espérerais-je point aussi de qui les gardent. Toute peau à cette altitude doit être bien cuite et offrir, à respirer d’un peu près, une surprise plus affamante que celle du pain chaud. Et, déjà, se laissent deviner les rudes secrets dont sauront user naïvement les corps, en vraie peau, en vrais os, en vrais poils et tapissés de vraies muqueuses, pour attiser le désir au plein air, quand le soleil tombe à pic, découpe en tôle l’ombre des arbres et fait plus haletant le souffle des bêtes qui n’ont que la langue pour transpirer.