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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/181

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vous, était touché, réfléchissait, comprenait. Et entre l’Anglo-Saxon ivre et le maquereau triste, c’était un dialogue où triomphait le mépris de la chair par quoi les plus sages voulurent mettre en garde les plus ardents et leur faire savoir que l’illusion de posséder en fait ne permet jamais d’atteindre à cette joie, carrefour où des esprits tangents s’épanouissent et se mêlent enfin par les antennes communes.

Et certes, ce désir obstiné qui cherche l’amour, fait s’échapper l’amour dans le sursaut même, à la fin d’un acte qui ne laisse, entre deux chairs sottes et partiellement fripées, qu’une honte de peau et d’esprit.

Ainsi l’amitié, dont on a fait si longtemps profession de croire qu’elle n’était possible qu’entre des êtres d’un même sexe, à la vérité me semble exprimer non quelque sentiment d’une autre nature que l’amour mais le plus haut point de l’amour même.

Vouloir qu’à la femme soit réservée toute et