Aller au contenu

Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

I

DU TEMPS DES AUTRES

On dîne tôt et vite dans les petits hôtels de montagne.

J’étais seul à table.

Me voici seul dans ma chambre.

Seul.

Cette aventure, je l’ai si fort et si longtemps désirée que j’ai souvent douté qu’elle pût être jamais. Or ce soir, mon souhait enfin réalisé, je me trouve disponible à moi-même. Aucun pont ne me conduit aux autres. Des plus et des mieux aimés je n’ai pour tout souvenir qu’une fleur, une photo.

La fleur, une rose, achève de se faner dans le verre à dents.