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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/21

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maisons, à la fin du jour, illuminaient, pour de nouvelles tentations, leurs chemises de pierre d’une tunique compliquée jusqu’à l’irréel.

J’entrais encore dans les endroits où l’on danse, où l’on boit, goulu d’alcool, de jazz, de tout ce qui soûle, et me soûlais indifférent à ce que j’entendais, dansais, buvais, mais heureux d’entendre, de danser, de boire, pour oublier les autres qui m’avaient limité mais ne m’avaient pas secouru.

Oui, je me rappelle. Deux heures, le matin. Le bar est minuscule. Il y fait bien chaud. La porte s’ouvre. Vive la fraîcheur. On me dit bonjour. Une main flatte mon épaule. Je

suis heureux, non de la voix, non de la main, mais l’air est si doux qui vient me surprendre.

Je dis bonjour à la fraîcheur, sans avoir nul besoin des mots dont les créatures humaines se servent pour leurs salutations. Hélas ! il n’y a pas que la fraîcheur qui ait profité de la porte. J’avais oublié mes semblables. Une