Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/36

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Il me faudra cette lumière grise du matin qui se réjouit d’accuser la pauvreté du teint et celle des pensées pour me demander : mais ne prend-elle point, pour des chemins modestes, les chemins détournés ? Une vie de chanteuse est-elle une vie modeste pour une femme que seul tout attire ? Et ce sont les autres qu’elle apprend à mépriser et non elle à estimer. Elle accepte la fausse mesure des mots. Et comment se mettrait-elle en ordre avec soi-même, alors qu’elle essaie non de se limiter, de se définir, mais de se perdre.

Elle vit avec les autres, va aux autres, à tous les autres, à tous. Or aller à tous n’est pas aller à tout, mais au contraire n’aller à rien.

Un tel exemple est un avertissement.

Aussi avais-je, dès ces mots, résolu d’être seul bientôt, vraiment seul.