Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/39

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poitrine semblable à la mienne. Fleurs d’humidité, sans racine, sans âme, sans couleur, voilà tout le jardin de mes rêves, ce soir.

Je fais marcher les muscles du dos pour écraser les premiers frissons, car j’ai froid d’être seul.

Déjà.

Entre les quatre murs de roses roses sur fond pâle j’organise une reconnaissance. Peine perdue. Il n’y a personne et même, à défaut d’être, rien avec quoi je puisse vouloir lier commerce d’amitié. L’armoire est en bois blanc et dans cette armoire pas un seul de ces papiers que les voyageurs consciencieux disposent entre leurs chemises et la planche qui Les doit supporter. La commode a quatre tiroirs réglementaires et dont l’indifférence a laissé s’envoler l’aveu léger des parfums. Aux vitres, les rideaux, comme s’ils n’avaient jamais été soulevés, tombent droit. Aucun sillage des présences antérieures, aucun objet qui m’