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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/42

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s’effleurent. Mais pourquoi soudain cette volonté de combat. Ces candeurs à peine tangentes se heurtent, se pénètrent et chaque choc les déforme, douloureusement. La boxe des âmes va mêler haines et désirs, les vérités dont on a honte, celles dont on a pudeur comme l’autre boxe, les muscles, la sueur, le sang, les cuisses, les biceps et les colères amoureuses des peaux que le moindre voile de duvet révèle étrangères les unes aux autres.

Le bonheur naît-il des coups donnés ou des coups reçus, et le malheur de ceux qui ne furent point donnés, de ceux qui ne furent point reçus ? Drôle de question à se poser, paupières closes, lorsqu’on est venu demander au soleil de juin, à l’air des glaciers, la plus intime métamorphose et la plus solitaire. Hélas ! un corps exige sept années pour se renouveler. La montagne, elle, change de couleur insensiblement. Mais, à quoi bon les symboles d’un alpinisme primaire et