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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/70

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 Ce soir je veux le voile et non la chair. » Elle ricane, comme si j’étais ivre, hausse les épaules : « Pauvre fou ! », essaie un geste qui me donne chaud puis, enfin, me laisse en paix.

Précisions, statistiques : autant d’inutiles obscénités.

Les souvenirs me condamnent au remords. Et tout de même la parade continue. C’est que l’odeur mauvaise des réminiscences attire les mouches. Je vous jure que ça ne sent pourtant pas la chair fraîche.

Et voilà qu’il ne s’agit plus seulement d’apporter une livre bien saignante, mais les curieux insistent. À qui l’a-t-on prise cette chair humaine ? Et il va falloir répondre.

Alors intervient une volonté de mensonge. Ceux qui aiment les mots distingués l’appellent pudeur. D’autres — les plus habiles — disent qu’il est temps de passer aux choses de l’art, et pour se donner du cœur, sur l’air des lampions, ils se chantent à eux-mêmes :