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Page:Crevel - Mon corps et moi (3e édition), 1926.djvu/72

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vous tous qui avez écrit, peint, ou sculpté. Vous vous êtes maquillés et, avec des grimaces sous du fard, avez tenté de donner les minutes touchantes des visages humains. Souvenirs et intimes désirs jamais assouvis et même non avoués, vous avez voulu tout concilier par le jeu de quelque logique.

L’art ?

Laissez-moi rire.

Je pense à ces bals où le travesti est prétexte à corriger la nature. Ceux qui n’ont pas trouvé leur vérité tentent une autre existence. Toutes les vies manquées s’invertissent, pour un soir. Mais l’exhibitionnisme ne donne point d’ailleurs l’impression de quelque franchise ou de quelque réalité. Les femmes apparaissent sans hanche ni poitrine. Les hommes ont des croupes et des tétons. Or voici qu’une virilité soudain s’érecte et soulève en son beau milieu la robe d’une courtisane grecque. Hommes, femmes ? On ne sait plus.

Il y a des maisons où ces fêtes se produisent