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LA POESIE PIERIENNE 61

nage entièrement fabuleux. Une vieille invocation populaire, l'arXivsç, qui n'était autre chose que les mots sémitiques al lenu hellénisés, a vraisemblable- ment donné naissance à son nom et à sa légende ^ Une fois le personnage créé, on lui fit une histoire fictive, qui ne nous apprend rien sur le développe- ment réel de la poésie primitive*. Il est inutile de la rappeler ici. Orphée, de son côté, n'appartient pas plus à l'histoire que Linos, dont il fut quelquefois considéré comme le frère'. Son nom ne figure ni dans Homère, ni dans Hésiode; il a dû être inventé dans un temps postérieur. Quand il apparaît dans l'histoire littéraire, c'est pour servir à autoriser toute une littérature apocryphe dont nous aurons à parler dans la suite. Aristote, qui disposait de tant d'infor- mations aujourd'hui perdues, ne croyait déjà plus à son existence*; son opinion a prévalu de nos jours. La légende d'Orphée ^ si intéressante et si poétique qu'elle soit d'ailleurs, nous est donc en définitive aussi inutile que celle de Linos. Elle appartient à la mythologie et à la fiction, mais elle est en dehors de l'histoire littéraire.

On pourrait en dire autant de celle de Musée, si

1. Preller, Grieck. MythoL, t. I, p. 377. Bergk, Griech, Liter,y t. I, p. 322.

2. Elien, Hist, variée (Hercher), III, 32; Diod., III, 59.

3. Apollod., I, 3, 2.

4. Cic, de Nat. deor., I, 38 : Orpheum poetam docet Aristoteles nunquam fuisse. — Toutes les questions relatives à Orphée ont été surtout élucidées de nos jours par Lobeck dans son Aglao~ pkamus, t. I, 1. II (Kœnigsberg, 1829).

5. Apollod., I, 3, 2; I, 9, 16; I, 9, 25; Hermésianax, fr. 2, V. 1-14 (Anthol. lyr. de Bergk); Phanoclès, fr. l(ibid.); Diod., III, 64; IV, 25; Virgile, Géorgiques, IV, v. 453 et suiv. — Généa- logies fictives jusqu*à Homère et Hésiode : Concours d'Hom. et d'Hés. : Suidas, '*Ofxï)poç ; Proclus, Vita Homeri.

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